Détentrice d’un diplôme d’études supérieures spécialisées* mention « Bien » en psychologie sociale, ingénierie de la formation et ergonomie, Sandra Fastré démarre sa vie professionnelle sur des « chapeaux de roue » dans le domaine de la recherche appliquée pour l’institut de recherche en informatique de Toulouse détachée au sein du Centre d’Etudes de la Navigation Aérienne. C’est ainsi qu’elle s’engage dans un Diplôme d’Etudes Approfondies* en Ergonomie Cognitive à Paris Cnam/Sorbonne, persuadée, se vouer à un doctorat qui la conduira très loin puisqu’elle est une des quelques rares ergonomes à savoir modéliser le raisonnement humain dans des situations de résolution de problèmes ! C’est par un événement international catastrophe extérieur, anéantissant tout acquis « d’intouchable » en 2001 qu’elle connaît un premier accident de parcours la conduisant sur les bancs des demandeurs d’emploi. Après des méandres épiques au contact de l’administration française, elle rebondit et exerce en tant qu’indépendante comme cabinet de conseil en ergonomie et organisme de formation. La crise financière mondiale de 2008 sévit, son cabinet n’a pas réussi à survivre. Habitée par un mal qui aujourd’hui ne surprend plus personne, un « burn-out » elle comprend que la vie ne se résume pas au travail uniquement.

C’est ainsi qu’elle s’intéresse à la photographie, consciente qu’il devient urgent de renouer avec une pratique artistique. Bien que ses références passées soient de l’ordre du pictural et des peintres de la renaissance italienne, elle s’aventure dorénavant dans un art qui lui paraissait auparavant totalement inaccessible. Passée par l’atelier photographie de l’espace Saint Cyprien, elle explore la photographie argentique et s’inscrit dans un apprentissage au long court étant en contact avec d’autres photographes lui permettant de progresser et de comprendre les arcanes du milieu professionnel.

Novembre 2015, présente à Paris pendant les attentats, c’est un marasme émotionnel qu’elle subit de plein fouet. Elle ne photographie plus pendant quelques temps se murant dans le silence. Alors qu’elle avait démarré un travail intime avec Fracture, elle utilise le polaroid quelques mois plus tard, considérant que la photographie lui permet de créer un autre monde parallèle à la réalité et entame une recherche sur ses mécanismes de résilience. Trois livrets seront édités aux éditions Charlotte Sometimes mettant en exergue son propos.

Elle continue ses recherches et réalise des broderies sur les polaroids. Les autoportraits retranscrivent le souhait de s’effacer en créant dans l’image elle-même des créatures bienveillantes imaginaires en référence à la mythologie, la poésie et d’autres arts. Elle ne cherche pas à créer un corpus autobiographique mais à se détacher d’une histoire trop personnelle.

Mars 2020, la pandémie met un coup d’arrêt à tout et pour tout. Un huis clos où elle sature face à l’excès d’images qui sont diffusées sur les réseaux sociaux, la télévision et autres supports numériques. Elle s’interroge sur cette diffusion disproportionnée des photographies et les dérives du numérique. Elle se questionne sur la place du photographe, le rapport que la société occidentale entretient avec l’image. Le contenu du rapport Franceschini sur l’état de la photographie en France est alarmant et devrait interpeller. Qu’est-ce qui nourrit un photographe dans la création d’une oeuvre ? De quelle façon peut-il se distinguer aujourd’hui alors que tout un chacun produit et diffuse de l’image ? En quoi peut-il interpeller l’autre ? Où se situe-t-il ? Est-il voué à disparaître alors que l’image versus photographie est devenue un objet de consommation sans que l’utilisateur s’interroge sur l’impact de son usage de l’image aujourd’hui sur toute la chaîne professionnelle ? C’est un virage à 360 degrés que Sandra Fastré opère et débute un travail sur le processus de création avec Resistis : meilleur lendemain.

Basée en région Toulousaine, elle est diffusée par le studio Hans Lucas depuis 2015.
Elle a co-fondé avec 5 autres photographes de Hans Lucas la formation Transmission où elle enseigne. 

* Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) et Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA), mots archaïques traduits aujourd’hui par Master- Niveau bac + 5